Frenchy Stories, épisode 4, "(Dé)clic"
Description
Bonjour à vous,
Aujourd’hui, un nouvel épisode un peu spécial car je vous propose une lecture à voix haute, d’une nouvelle que j’ai écrite pour mon propre site Frenchy Hour… Une nouvelle où je vous parle de Noam, un photographe, à qui il fallu un (dé)clic pour trouver sa voie… Ce texte a été inspiré par cette photo trouvée au hasard du net.
Credit photo : de Pixabay
J’espère que ce format vous plaira !
Transcription de la nouvelle
Noam n’avait jamais envisagé de faire de la photographie, et encore moins de devenir photographe.
A vrai dire, il n’avait jamais eu d’appareil à lui, il avait grandi à l'ère des téléphones portables à quatre chiffres qui n'en prenaient pas et quand ces derniers avaient évolué, lui n'avait pas suivi le mouvement qui poussait à tout photographier, des fins de soirée arrosées jusqu'aux plats finement cuisinés. Tout ça pour quoi ? Pour récolter deux-trois pouces levés sur les réseaux sociaux, parfois six sur une bonne journée ? De fait, il n’avait aucun réseau social, même pas Facebook, auquel il avait réussi à échapper. Il n'en avait jamais saisi l'intérêt. Ainsi, il ne prenait pas son entourage en photo, et la réciproque était vraie. D’ailleurs, le seul album où il trônait enfant, montrant des dents en moins, un plâtre en plus, avait disparu dans le divorce de ses parents, telle une Cendrillon dans son carrosse.
Était-ce parce que Noam n’était pas du genre photogénique qu'il n'avait jamais trouvé cette invention utile, ou même, magique ?
Avec ses oreilles plus courtes que la moyenne et son nez qui n’était pas trop centré, il n’avait jamais aimé qu’on lui tire le portrait, et encore moins, une fois que cela était fait, qu’on feigne - pire ! - qu’il soit complimenté :
“Mais enfin, tu n’es pas si laid !”
Laid, il l’était, assurément, mais pendant de nombreuses années, cela ne l’avait jamais incommodé : il avait pu mener tranquillement sa barque, et sa carrière, profitant d'un poste stable - voire pépère - dans une petite agence immobilière, où il se devait de vendre des villas à des clients de moins en moins nombreux et de plus en plus ingrats.
Ainsi, quand son patron le licencia, avec contrition, et son lot de phrases toutes faites, servies pour l’occasion “restriction budgétaire - crise immobilière - ça va aller petit père”, Noam rentra chez lui sans faire de bruit, dans son appartement aux murs d’un blanc presque gris, et aux cadres sans surprise - une rangées de taxis, une Tour Eiffel prise de nuit.
Seul dans son salon, sur un canapé couleur taupe qu'il n'avait jamais changé ni recouvert de coussins, Noam prit son téléphone pour annoncer la nouvelle, et ne sut qui appeler. Il réalisa que son monde venait de s'effondrer dans l’indifférence des villes - des vies ? - moyennes et que les seuls à être au courant, étaient son ancien patron, et lui.
Il regarda son smartphone puis la fenêtre. A quoi lui servirait-il, ce portable, s’il n’avait plus de mails professionnels à traiter, ou d’amis à contacter ?
Il le serra plus fort.
Ce n’était pas si difficile de le balancer. Après tout, cela devait arriver tous les jours, une dispute, un mauvais commentaire, une application trop lente, et c’était la chute.
Clic.
Sans s'en rendre compte, voilà que son pouce avait appuyé sur le bouton, l’appareil-photo s’était enclenché.
Il regarda le cliché. Il se vit. Lui.
Ses oreilles courtes, son nez pas très centré, sa bouche trop serrée.
Il se trouva laid. Il se trouva beau.
C’est moi.
C'est ainsi que Noam se mit à tirer sur tout ce qui bouge - des portraits bien entendu ! Des instantanés de gens cabossés, les bras cassés, les gueules défigurées. Toujours avec son smartphone, en mode noir et blanc, il alla trouver le beau dans chaque personne, redonner de la gueule aux figures qui détonnent. Il en fit une exposition à grand succès, qu’il appela “Après Minuit” et dont les reproductions se vendirent même mieux que les photos de taxis jaune ou de la tour Eiffel de nuit.
Lui qui n'avait jamais eu l'idée de faire de la photographie, qui avait passé sa vie en mode automatique, devint un photographe de renom, muni de son appareil numérique qu'il ne jeta jamais, même quand celui-ci lâcha son dernier clic.
Parce que c'est lui, parce que c'est moi, parce que c'est nous.
Mini Quiz
* Pourquoi Noam a-t-il commencé à faire de la photographie ?
* Pour quelle raison n’aime-t-il pas les réseaux sociaux ?
* Comment se qualifie-t-il physiquement ?
* Quels éléments montrent qu’il a connu le succès ?
* Quelles personnes cherche-t-il à montrer, à “visibiliser” ?
Alors, qu’avez-vous pensé de ce premier court texte ? Quels mots avez-vous dû rechercher ? Quel est votre rapport avec votre propre image et les photos ? Dites-moi en commenaire !
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